MALI – Ansar Eddine

Ansar Eddine (Partisans, ou défenseurs, de la religion) est l’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali depuis juin 2012, avec les jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Tous prônent l’application littérale de la charia (loi islamique), au nom de laquelle ils commettent de nombreuses exactions sur la population civile.

La mouvance islamiste Ansar Eddine est anciennement liée au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), rébellion autonomiste touareg dans le Nord du Mali. Bien que ces deux groupes partagent le même objectif séparatiste, le point de discorde est religieux. Le premier lutte pour l’application rigoriste de la loi islamique, le second pour l’instauration d’une République laïque et démocratique.

Ansar Eddine est surtout composé de Touaregs maliens, comme son chef Iyad Ag Ghali et Abdel Krim, membre de la tribu des Iforas (nord-est du Mali), âgé d’une quarantaine d’années. Surnommé « Kojak », Abdel Krim aurait été tué dans les combats de la mi-janvier au Mali entre l’armée, appuyée par des troupes françaises, et les jihadistes. Abdel Krim avait rejoint Ansar Eddine après avoir été le numéro deux du groupe du chef rebelle touareg Ibrahim Ag Bahanga, en lutte contre les autorités de Bamako, mort en août 2011 dans des circonstances non élucidées dans un accident dans le nord-est du Mali.

Iyad Ag Ghali, chef d'Ansar Eddine (Yves Herman /Reuters)

Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Eddine
(Yves Herman/Reuters)

Originaire de la région de Kidal, dans le nord du Mali, Iyad Ag Ghali fait ses armes en Libye au début des années 1980, dans la Légion islamique du colonel Kadhafi. Après avoir combattu au Liban les phalanges chrétiennes puis, selon certaines sources, fait le coup de feu au Tchad, il devient l’une des principales figures de la rébellion touareg à la tête du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) – l’Azawad étant le nom que les Touaregs donnent au Nord du Mali. En 1990, Ag Ghali fonde le Mouvement populaire de l’Azawad (MPA), qui rassemble les Touaregs les plus modérés. Progressivement, l’homme se radicalise au contact de prédicateurs pakistanais de la Jamaat al-Tabligh (« association pour la prédication »). Il se dit pourtant hostile au terrorisme et aux attentats-suicides, et participe aux négociations pour la libération des otages enlevés par les islamistes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), ainsi qu’en faveur des touristes européens kidnappés en Algérie. Conseiller consulaire à Djeddah de 2007 à 2010, il est expulsé par les Séoudiens, qui le soupçonnent d’être en contact avec des membres d’Al-Qaïda. Le nom d’Iyad Ag Ghali revient à plusieurs reprises lorsqu’il est question du sort des employés d’Areva enlevés au Niger en septembre 2010. Les dirigeants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) le trouvent trop proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, ex-GSPC) et le soupçonnent d’être lié à Alger ; ils portent en 2011 Mohamed Ag Najim à leur tête, tandis qu’Ag Ghali forme sa propre organisation : Ansar Eddine.

Alghabasse Ag Intalla

Alghabasse Ag Intalla,
secrétaire général du MIA

Le 24 janvier 2013, une scission est intervenue au sein d’Ansar Eddine : le nouveau groupe s’intitule Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). Composé exclusivement de Maliens, le MIA a appelé à une solution pacifique, au quatorzième jour de l’opération française Serval. Le nouveau groupe dit «occuper» la région de Kidal, à plus de 1500 km au nord-est de Bamako, près la frontière nigérienne. Le MIA «affirme de la manière la plus solennelle qu’il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à les combattre».

Voir aussi : Aqmi – Mujao – Les enjeux de l’intervention française 

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