PALESTINE – Hamas

(Mouvement de la Résistance islamique) – Historique

Le mot hamas signifie en arabe « enthousiasme, exaltation ». Ce mouvement sunnite se réclame de la mouvance des Frères musulmans, déjà influents à Gaza durant l’administration égyptienne. Toléré par les Israéliens pour faire face à l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) de Yasser Arafat, le Hamas dispose d’une forte assise religieuse.

Sa véritable percée sur le front palestinien remonte à la première Intifada (1987). Son leader spirituel, Cheikh Ahmad Yassine, emprisonné en Israël, est libéré le 1er octobre 1997. Les membres fondateurs du Hamas qui ont une importance dans son développement sont : Abd el-Fattah Dukhan, Mohamed Chamaa, Ibrahim al-Yazouri, Issa Al-Najjar, Salah Chehadeh et Abdel-Aziz al Rantissi. En 1988, le Hamas déclare que la Palestine est une terre de musulmans, sur laquelle doit s’édifier un État islamique et où doit s’appliquer la châri‘a. Il ne conteste cependant pas le rôle historique du Fatah et ne remet pas en cause le rôle international de l’OLP en tant que représentant des Palestiniens.

Durant les deux Intifadas, le Hamas développe une influence religieuse et sociale prépondérante en venant à l’aide de la population palestinienne, démunie de tout et devant parfois faire face à la destruction de ses habitations. Le mouvement devient ainsi un opposant au Fatah, même si la collaboration entre les deux organisations durant cette période existe réellement. Ainsi, en décembre 1987, un « Commandement unifié de l’Intifada », qui comprend un tiers de membres du Hamas et deux tiers appartenant à l’OLP, est mis sur pied. Le Hamas s’en retire pour continuer le combat seul en mai 1988.

Les alliés militaires du Hamas sont les brigades Izz el Din Al Qassam, qui s’attaquent régulièrement aux troupes israéliennes depuis 1994 mais font l’objet d’une répression de la part de l’Autorité nationale palestinienne. 
Se prononçant contre le processus d’Oslo, le Hamas se joint par la suite à l’« Alliance des Forces palestiniennes », un ensemble de mouvements opposés à la paix. Le bouclage des Territoires palestiniens par les Israéliens, malgré les accords d’Oslo, les retards dans les négociations de paix et les tendances peu démocratiques de l’Autorité palestinienne, ont conduit le Hamas à trouver une assisse certaine et précieuse auprès de la population locale. En 1996, Palestiniens et Israéliens observent une trêve de dix-huit mois, négociée par l’OLP pour le compte du Hamas, à laquelle met fin l’assassinat ciblé par les Israéliens de Yahya Ayache, responsable d’une série d’attentats en Israël. Sa mort provoque en réplique une série d’attentats suicides à Tel-Aviv et Jérusalem, et précipite ainsi la victoire de Benyamin Netanyahou aux élections législatives d’avril 1996.

Le déclenchement de la seconde Intifada va conduire à l’assassinat du dirigeant spirituel du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, en mars 2004, puis de son successeur Abdelaziz Al Rantissi le mois suivant. 
Le 25 janvier 2006, le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes (74 sièges contre 45 sièges au Fatah, sur un total de 132). Le nouveau gouvernement est boycotté par Israël, qui refuse de traiter avec des « terroristes ». Les subventions internationales cessent et la situation se dégrade entre les deux mouvements palestiniens. Une escalade s’ensuit, culminant avec le souhait de Mahmoud Abbas de dissoudre l’Assemblée palestinienne et l’éclatement d’une guerre civile entre le Fatah, installé en Cisjordanie, et le Hamas, implanté à Gaza. La partition du territoire palestinien laisse alors craindre un pourrissement du conflit israélo-palestinien, malgré les efforts des Égyptiens pour rapprocher les deux antagonistes, privant les Palestiniens de représentant légitime dans les négociations internationales. L’accord de réconciliation entre les deux factions, intervenu en mai 2011 sous l’égide de l’Égypte, prévoit notamment des élections et une réforme de l’OLP.

Le chef de file du Hamas est aujourd’hui Khaled Mechaal.

Source : Dictionnaire du Moyen-Orient, sous la direction d’Antoine Sfeir, Bayard, 2011.

 

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